Timothy J Fairplay, alias Antoine Rouge est un DJ et compositeur de Londres talentueux. Il a décidé depuis une dizaine d’années de troquer la guitare pour les platines en produisant de la techno alternative qu’il nomme “Art school Techno”. Au fil de sa discographie : l’album Where is the Champion publié en 2017, l’EP Mindfighter ou No News from New York la même année, il réinterprète la Techno de la musique expérimentale en passant par la House et la Disco. En s’immergeant allégrement dans la vie artistique anglaise reconnue dans le monde pour sa scène Drum’n bass, Grime et UK Garage, il évolue sur différents labels indé dont Crimes of the future, Hoga Nord Records, Nocta Numerica ou encore Astro Lab Recording. Il était l’ingénieur son d’Andrew Weatherall, compositeur, producteur de musique de films et journaliste musical très connu au Royaume-Uni. Timothy J Fairplay a pu former avec lui le groupe Asphodells. Andrew a eu un impact mémorable sur la scène électronique anglaise, en matière d’acid house et de musique techno expérimentale.

Nous avons interviewé Timothy J Fairplay pour en savoir plus sur sa vie d’artiste et comment s’exprimer en Techno est devenu pour lui une seconde nature

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Depuis quand fais-tu de la musique ?

Je compose depuis que je suis enfant. La première chose que j’ai écrite remonte à l’âge de 11 ans. Au début, je faisais partie de groupes. Je me suis tourné vers le DJing à mes 20 ans.

Quel est l’élément déclencheur qui t’a poussé à te lancer dans la musique ?

J’ai la chance d’avoir baigné dans un environnement propice avec une famille très musicale. La plupart d’entre nous joue d’un instrument, donc je pense que c’était inévitable que je sois attiré par la musique.

Quelles sont tes influences ?

Je ne sais pas par où commencer. J’écoute beaucoup d’anciens morceaux de house et de techno comme Chip E et Cybotron.

Beaucoup de wave comme les premiers Yello ou Portion Control, mais aussi beaucoup de musique de synthé cosmique, des sons comme Klaus Schulze et Popol Vuh. Et puis il y a toutes les bandes originales de films que j’adore, comme Fabio Frizzi ou John McCallum. Je pourrais continuer encore longtemps….

Yello a mis du swing dans l'electro - rts.ch - Musiques
Yelllo, groupe suisse de musique électronique/DR

Pourquoi avoir choisi la techno comme genre musical de prédilection ?

C’est une musique de fête, elle dégage une énergie telle qu’elle enflamme tous les autres sons que l’on mélange avec elle.

Quel genre de techno aimes-tu jouer ?

Je ne sais pas vraiment comment appeler le genre de techno que je joue, certaines personnes l’appellent proto-techno mais je ne le vois pas vraiment comme un genre spécifique. Je dirai que c’est comme de la techno alternative. Je l’appelle parfois en plaisantant “Art School Techno”. Ce que je veux dire par là, c’est que la techno essaie d’être autre chose qu’une musique de club fonctionnelle. Il y a un élément dans son style qui la rend mémorable.

Comment as-tu évolué en termes de musique ?

Au début, j’étais guitariste, mais quand j’étais adolescent, j’ai construit mon premier studio à la maison et j’ai rapidement considéré le studio comme un instrument. J’ai déménagé à Londres et j’ai fini par louer une partie d’un studio avec le DJ Andrew Weatherall. Travailler avec Andrew m’a vraiment jeté dans le grand bain, j’ai appris énormément en peu de temps et cela m’a aussi donné beaucoup de confiance en mon travail.

A quel point ta collaboration avec Andrew t’a marquée ?

Andrew m’a beaucoup appris sur la façon d’arranger. J’étais doué pour faire les instrumentales mais je trouvais que l’arrangement était une étape assez difficile. La façon dont on travaillait, surtout avec les remix, c’était en flux tendu. Les choses devaient se faire en une semaine et on en avait généralement de nouvelles sorties chaque semaine. Ça m’a appris à faire un choix rapidement car il n’y avait pas le temps pour l’indécision. J’ai aussi appris à savoir quand un mixage était terminé. Andrew disait simplement “ça y est, c’est fait”. La principale chose dont je me souviens de ces années était à quel point le studio était un endroit incroyable : nous vivions dans notre propre petit monde dans un sous-sol juste à côté de la ville de Londres. J’avais toujours hâte d’y aller tous les matins.

As-tu des scènes qui t’ont profondément impactées ?

La scène néerlandaise, en particulier celle de La Haye et de Rotterdam, m’a beaucoup influencé pendant des années et continue de le faire.

J’ai vu que tu as participé à plusieurs Boiler Room, un concept très en vogue dans le milieu de la Techno depuis 2010 d’abord lancé à Londres puis dans le monde entier. Que penses-tu de ce concept ?

Quand j’ai fait ces soirées, c’était il y a longtemps, avant que le concept ne devienne ce qu’il est maintenant. À l’époque, cela ne me dérangeait pas vraiment, j’étais juste heureux qu’on me demande d’y participer. A présent, je sais pas vraiment qui joue dans les Boiler Room. Je ne pense pas que les artistes comme moi soient encore sollicités. Il faut savoir que depuis la pandémie, le streaming des sets de DJ est devenu la norme. Mais en fin de compte, je pense que ça ne pourra jamais rivaliser avec le fait d’écouter un DJ dans un club. Je ne suis pas vraiment contre ce concept si je pense que la musique est bonne. Par contre, je ne prendrai peut-être pas la peine de regarder les images et me contenterai d’écouter.

Comment composes-tu ?

Je compose de manière assez simple, je programme un rythme sur une boîte à rythmes puis j’écris quelques parties jusqu’à ce que tout se mette en place. Parfois cela se passe très vite, parfois il faut plus d’édition pour que toutes les parties fonctionnent ensemble.

Quelle est ton opinion concernant l’énergie de la scène Techno au Royaume-Uni ?

La Techno est très populaire en ce moment, il m’est donc difficile de la juger. Il y a beaucoup de Techno sans intérêt pour moi qui est juste de la musique de boite de nuit que je considère comme de la tech house, une branche de la techno. Au Royaume-Uni, tout le monde est très obsédé par les premiers morceaux Warp Bleep breakbeat en ce moment. J’aime la musique breakbeat d’origine et certains de ces nouveaux trucs sont cool mais c’est comme tout, ça devient fatigant quand c’est matraqué constamment. C’est un peu comme l’EBM en Europe il y a quelques années, il n’y a plus de distinction claire, tout se mélange. Il y a quand même des tas de musique géniales et j’aime beaucoup le retour actuel du son Jackbeat de Chicago, principalement produit via Nation/Dirty Blends et L.A. Club Resource.  

Quelles sont les publications dont tu es le plus satisfait ?

C’est une question difficile car je suis généralement plus à fond dans ce sur quoi je travaille sur le moment. Mais si je regarde en arrière, je dirai que je suis fier de la façon dont l’année dernière s’est déroulée avec notamment les albums A Snowstorm In The Tropics et The Fast Lane ainsi que deux disques que j’ai publiés sur Höga Nord et Fontela.

Dans ton titre, Birthday Celebrations At Utrecht Space Disco, que j’apprécie particulièrement, tu mets en exergue les synthés d’une manière très rétro dans la veine de la disco et de la cold wave. Ces synthés on les retrouve régulièrement. Sont-ils essentiels pour toi ?

Oui, ils le sont, mais c’est en partie parce que j’ai joué dans des groupes avec des instruments live. Quand j’ai commencé à faire de la Techno, j’utilisais juste un ordinateur portable et des plugins mais j’ai vite trouvé cela très insatisfaisant. J’aime faire de la musique qui n’est pas très soignée, un peu désordonnée et je trouve qu’il est plus facile de faire cela en travaillant principalement avec de vrais instruments.

Qu’est-ce qui t’a poussé à remixer des titres hybrides comme Europa de Tapan, originaire de Belgrade ou le titre Mustafa de Khidja, duo de Techno expérimentale de Bucarest ?

Les labels m’ont proposé de faire ces remix. Je suis généralement prêt à faire un remix tant qu’il y a un élément dans le son original que je peux utiliser d’une manière différente. Avec ces deux morceaux, ils avaient tous les deux des éléments live ou des éléments sonnant live, ce qui est toujours amusant de remixer. Tapan et Khidja ont tous deux recours à cette sonorité perse que j’aime bien.

Et qu’est-ce que tu nous réserves pour la suite ?

J’ai un nouvel album qui sort en février sur un label avec lequel j’ai déjà publié. Je pense aussi à un autre titre sur une compilation du label Italo Moderni, et deux autres EPs. Je compte composer une suite pour A Snowstorm In The Tropics sur mon label Dungeon Module, en fonction de la façon dont l’année se déroule. Je viens de déménager les affaires de mon ancien studio dans un nouvel endroit et je suis sur le point de commencer à travailler avec un groupe de matériel neuf dans un nouvel espace.

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