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Loin d’imiter leurs prédécesseurs chaque artiste reggae apporte sa propre interprétation au sein de la sphère musicale française. Citons la nouvelle génération de reggaemen : Pupajim, Danakil ou encore Dub Inc. Des groupes qui ont donné de la voix pour faire perdurer le reggae. Dans cette nébuleuse reggae/raggamuffin, le groupe Ryon originaire du Sud-Ouest de la France se démarque par son éloquence associée à un reggae pur et dur. Leur musique est tout ce qu’il y a de plus Roots.
C’est ce que revendique l’ensemble des membres du groupe Ryon :
<< Nous apprécions tous le roots Jamaicain des origines. Nos influences sont diverses. En ce qui concerne l’écriture des textes j’ai été marqué par des groupes comme Tryo, Danakil, Iam ou encore La Rue Kétanou >> affirme Camille, chanteur de Ryon.
Il faut bien avouer que le reggae français est encore marginal comparé au Hip-Hop et à la Pop souvent aux avant-postes du top 100. Et pourtant, cette musique rasta résonne toujours dans les soundsystems avec autant de ferveur grâce à sa forte identité et authenticité. Depuis l’âge d’or du reggae jamaïcain dans les années 70-80 avec Barrington Levy ou Jimmy Cliff, ces sonorités se sont exportées à l’international en s’adaptant progressivement à notre mode de vie et aux évolutions musicales.
Des artistes curieux ont montré l’exemple. En témoigne la version reggae audacieuse de la Marseillaise de Serge Gainsbourg en 1979 qui a donné le ton. En France, le reggae marque un retour en force dans les années 90 avec Pierpoljack ou encore Sinsémilia et Manu Chao.
REGGAE LIFE
Le reggae cimente leur relation artistique depuis leur première rencontre. Les 5 membres du groupe font connaissance pour la première fois lors d’un évènement reggae : le Festijam en 2014. Porte-parole d’un reggae « spontané, sincère et un peu candide » , le groupe poursuit cette aventure collective en gardant intacte leur ouverture musicale : « C’est vrai qu’en apprenant à connaître ce milieu nous perdons peu à peu certaines idées reçues et certains fantasmes qui peuvent l’entourer » insiste Cam. Une remarque qui montre que le reggae est souvent décrédibilisé malgré toutes les valeurs qu’il transmet comme la liberté et la fraternité.
Adeptes d’une interprétation énergique, les membres du groupe savent galvaniser les foules. Leurs paroles en Français sont percutantes et elles transmettent un message de paix et de tolérance. Ryon dénonce les injustices de ce monde babylonien, un thème récurrent des musiques de reggae. Un leitmotiv qu’on retrouve dans la chanson Mon bon droit scandé par le chanteur Camille avec un accent jamaïcain plus vrai que nature qui rappelle celui du breton Pupajim : « Depuis la nuit des temps l’être humain se méfie de ce qui est différent. Mais on ne juge pas un homme à la couleur de sa peau, à sa taille, à son poids, à l’éloquence de ses propos ». Cette chanson a un succès notable avec ses 1,5 million de vues. Gaia, autre titre du groupe dans la même veine est un appel au respect de la biodiversité. Des messages forts pour plus de coopération.
Camille de Ryon : « Nous voulions avoir un regard à 360° sur tout ce qui concerne notre musique ».
Leur volonté de maîtriser de A à Z leur univers artistique les a amenés à créer leur propre label : Cycle Music pour être plus libre dans leur création. C’est ce qu’aime à souligner Camille : « Nous voulions avoir un regard à 360° sur tout ce qui concerne notre musique. C’était une évidence pour nous et nous n’avons fait que suivre l’exemple de la plupart des artistes reggae en France qui sont tous indépendants quasiment. Les gros labels ne nous intéressent pas, nous souhaitons conserver notre précieuse liberté de décision dans notre démarche artistique ».
C’est en live que Ryon peut transmettre toute son énergie. Cam revient sur cet amour du live et des échanges avec le public :
<< C’EST LA partie la plus plaisante de notre métier, tout ce que nous faisons autour en tant que groupe indépendant, nous le faisons pour avoir l’opportunité de défendre notre musique sur scène le plus souvent possible >>.
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Après une pause à cause du Covid, ils projettent de faire la première partie de Sinsémilia à la Cigale pour leurs 30 ans de carrière, un retour en force qu’ils attendent avec impatience : « Nous avons peu joué depuis Mars 2020 mais cet automne de belles soirées nous attendent ». Ils ont même assuré la première partie d’artistes de renom dont l’icône jamaïcaine Max Roméo auteur du titre Chase the Devil.
3 ALBUMS ROOTS
Ryon a déjà publié trois albums, tous en autoproduction, financés en partie grâce à leur public qu’ils remercient à chaque fois que l’occasion se présente. Après un premier album en 2016 : Réver, ils continuent dans leur lancée en délivrant un second album, deux ans plus tard : Zéphyr. L’année dernière, ils ont mis au point leur troisième album nommé Esperanza. Un opus revigorant et plein d’espoir.
Chaque sortie est une étape importante selon Cam qui présage un futur passage sur scène : « Celle de la confrontation entre une création et un public. C’est une porte d’entrée vers le live, qui reste selon moi le meilleur moyen pour faire vivre et partager une chanson ».
Seul groupe de leur propre label, ils planchent actuellement sur deux projets musicaux. Ryon peut ainsi transmettre son expérience et son savoir-faire à d’autres artistes. Et leur énergie continue d’alimenter la scène reggae française.