Jazz Liberatorz formé en 1999 est un groupe pionnier du Hip Hop fusionné au Jazz. Ce sous genre musical n’est rien d’autre que du Jazz Hop en écho aux compositions de J. Dilla ou encore d’A tribe called quest, des artistes qui ont marqué le paysage du Hip Hop des années 90. À l’orée des années 2000, Damage, Dusty et Mahdi forme un groupe talentueux qui va s’inscrire durablement dans le paysage musical.
JAZZ HOP DU DÉBUT DES ANNÉES 2000
Ce qui marche en matière de Hip Hop dans les années 90-2000, c’est à la fois le Gangsta rap représenté entre autres par Tupac et Notorious Big et justement ce style alternatif qu’est le Jazz Hop, en contrepoint, caractérisé par des instrumentales jazzy et des textes poétiques. Autant dire un foisonnement de genres qui s’inspirent mutuellement autant qu’ils se confrontent. En écoutant les trois Dj de Jazz Libératorz, on entre plein pied dans cette mouvance Jazz Hop.
Déjà artistes en solo, chacun a pu apporter sa créativité. Dusty et Mahdi sont des beatmakers reconnus pour leur travail auprès de rappeurs phares des années 2000 comme Mystik. Damage lui était dans le groupe et label Double H composé de la fleur des DJ de cette période dont Cut Killer, Dj Mouss, Dee Nasty et Dj Pone. Ces trois artistes indépendants ont signé sur le label underground Kif Music. Leur rencontre avec Aloe Blacc autour de 2003 va donner un coup d’accélérateur à leur carrière.
CLIN D’ŒIL ET FRUIT OF THE PAST
En plus d’une dizaine de maxis dont Music Makes This World Goes Round, le groupe a publié des albums marquants. 2008 sonne la date de leur premier album : Clin d’œil. Un collector proposant plus d’une heure de Jazz Hop alternant entre featurings Hip hop avec des chanteuses Soul et des rappeurs américains au flow acéré. Sans oublier de pures instrumentales jazzy et smoothy à l’instar de Ease my Mind ou Cool Down.
Des passages sont clairement inspirés du Spoken word et du Slam. En 2008, Jazz Liberatorz accordait un interview à Raphaël du site Mowno pour discuter de cet opus : « Sur cet album, on a collaboré avec de vrais musiciens, des touches live d’instruments apparaissent sur certains de nos morceaux. La source est le sample, on vient du Hip Hop, on recycle une musique déjà existante, on le revendique ». Quant à leur choix de mettre plus en avant le rap ricain, c’est une question de culture d’après eux : « Les rappeurs américains ont du chant dans la voix, ils ont grandi avec la musique que l’on sample, ils suivent la musique, à la différence du rap français qui a plus cette culture de l’écriture que de la musicalité ».
Témoignage d’une époque, le scratching est une pierre angulaire de leur discographie. Lors d’interludes, les artistes confient leur amour pour le Jazz et le Hip Hop ce qui fait en partie l’originalité de Clin d’œil. Quincy Jones ou encore Mile Davis et Freddy Hopper sont tous cités comme de grandes influences. Favoriser l’unité plutôt que la violence par la musique et la poésie, c’est le message de cet album qui a su réunir des grands nom du Hip Hop underground comme The Hardson, FatLip du groupe The Pharcyde et T Love pour le morceau Genius At Work. Sans compter un featuring avec la chanteuse Soul Lizz Fields.
Fruit of the past, leur second album de 2009, prolonge cette odyssée dans les instrumentales Jazz et parfois Acid Jazz. Une fois encore, Jazz liberatorz fait preuve de maestria : Music in my Mind Part 1-2 en témoigne. Le morceau est littéralement un exercice de style. Autre titre détonnant de l’album ? A Paris, où le groupe réinterprète à leur manière En flanant dans Paris de Guy Marchand.