Rappeur indépendant produit par le label luxembourgeois Delabbel, Hakim Norbert a déjà fait ses preuves dans le monde du rap auprès des membres de son groupe Da Ruff Mobb et en solo. L’artiste revient sur sa passion pour le rap dans une interview exclusive.
Depuis quand fais-tu de la musique ?
J’ai commencé a rapper dès 98 à mes 12 ans. Deux ans plus tard, j’ai mis au point mes premiers enregistrements. Enfant, mes parents m’emmenaient souvent voir des concerts ou des festivals. C’est à cette époque là que j’ai absorbé beaucoup de jazz.
Cette culture musicale a du t’inspirer pour ta carrière dans le rap. C’est donc beaucoup plus tard après t’être essayé à différents moyens d’expression que tu en viens au rap ?
Dès que j’ai découvert la culture hip-hop, tout s’est enclenché. Je me suis mis au rap, au break et au tag. Mais c’est le rap qui a pris le dessus sur les autres disciplines.
Ton style de rap, c’est plutôt ?
Plutôt du rap normal mais en réalité tout dépend de la personne à qui je m’adresse. Le terme le plus approprié est le style boombap selon moi. On pourrait appeler ça du « old school » aussi mais je n’aborde pas vraiment les mêmes sujets qu’en 1990. Les styles de rap évoluent sans cesse. Je laisse les auditeurs choisir l’adjectif qui leur conviendra.
Quelles sont tes références musicales et artistiques ?
A l’inverse de beaucoup de gens du milieu, j’ai commencé par écouter du rap Français, par soucis de compréhension. Dès 1996 j’ai découvert les compiles Bastion et Hiphop non stop qui m’ont certainement influencées à vie notamment le groupe Soul Choc. Les artistes qui ont le plus attiré mon attention sont Fabe, La Cliqua, 4HQ, Lone, Sléo pour le rap Français.
Pour le rap des USA, j’affectionne particulièrement Hoodratz, Redman, House of Pain, Original Flavor, Double X et Lords of the Underground. J’ai d’autres références artistiques comme la BD, le jazz ainsi qu’au tout premier plan : le graffiti surtout les lettrages.
Un moment propice pour toi en matière de création musicale ?
Quand j’écris j’ai besoin d’être seul pendant des heures. Donc plutôt la nuit ou le matin très tôt car la journée, je travaille et le soir je vois mes enfants. J’enregistre souvent entre midi et deux.
Comment tu t’inspires pour écrire tes chansons?
Il y à des petites périodes où je me met en mode éponge pour pouvoir m’inspirer. Je lis tout ce qui me passe sous la main, je regarde des films et j’écoute les gens dans la rue. J’écoute des albums que j’aime bien en me concentrant uniquement sur la structure des morceaux. Et si j’en ai l’occasion, je n’hésite pas à aller dans d’autres villes pour me couper de mes habitudes. Ensuite, je choisis une instru et souvent la mélodie m’aide à trouver un thème général pour les paroles.
Trois de tes sons et un album que tu conseillerais à nos auditeurs ?
Ne t’inquiète pas, c’est le premier titre que j’ai fais avec Vyda (Beatmaker). Depuis 2017 je n’ai cessé de travailler avec lui.
En deuxième position, je dirai Dope Album car je suis très satisfait du thème abordé. Et enfin Si t’es down car j’aime beaucoup le clip, il me rappelle de bon souvenirs. L’album Ventre Ville est celui que je conseillerai vivement. Je l’ai écrit au Maroc où j’ai trouvé des nouveaux flows. C’est aussi à ce moment là que j’ai découvert le travail de Vyda avec qui on à fondé le groupe Da Ruff Mobb. C’est l’album qui m’a fait un peu connaître dans l’underground.
Que penses-tu de la scène musicale hip-hop en France et à l’international ?
Je trouve que la scène actuelle Française est fleurissante mais les sonorités utilisées ne me parlent pas trop. Je sais apprécier un bon texte ou un bon flow. Je préfère lorsque les MC rappent avec leurs vrais voix sans auto tune. C’est un atout pour l’originalité à mon sens. Pour ce qui est des DJ, les techniques de scratch ne cesse de s’améliorer tout comme le matériel. Il y a beaucoup de gens très talentueux dans cette discipline en France. Les outils pour créer des beats sont beaucoup plus accessibles qu’il y a vingt ou trente ans donc il y a du monde sur ce créneau. J’aime la scène rap en Amérique du Sud, les sonorités me plaisent. Les Suisses les Allemands et les Anglais m’impressionnent aussi beaucoup.
Qu’est-ce-que t’apporte le rap dans la vie de tous les jours ?
Je vois la musique comme une passion avant toute chose. Ce n’est pas mon métier donc le rap m’apporte essentiellement du kiff. C’est aussi un challenge pour toujours me dépasser. Toujours essayer de faire mieux. C’est comme un sport, parfois c’est fatiguant mais on se sent bien après.
Ta philosophie de vie ou des valeurs qu’on retrouve dans ton rap ?
Toujours voir le verre a moitié plein, ne pas se plaindre. Ne pas tomber dans l’excès et chercher le bon équilibre.
Peux-tu nous en dire plus sur ton label indépendant ?
Je débute tout juste chez Delabbel. Jusqu’ici j’ai toujours roulé seul avec l’aide de mes proches. Delabbel est très à l’écoute et me laisse une totale liberté artistique. Ce sont des passionnés de hip-hop donc je me sent à l’aise avec eux.
Quels sont tes projets musicaux principaux ?
Avec mon groupe Da Ruff Mobb nous avons sorti un maxi vinyle fin 2020 intitulé Si t’es Down. Il annonce la sortie prochaine d’un album sur lequel nous travaillons depuis quatre ans. J’ai sorti en parallèle un album en cassette intitulé Wallah Tape avec le beatmaker Allemand Birdy Sanjazz. Le premier avril va sortir le vinyle Story Telling, un EP de 8 titres sous forme de petites nouvelles rappées et réalisées avec Carl Aqua, un beatmaker de Berlin. Je suis aussi sur un autre EP avec Goomar, beatmaker de Strasbourg. Nous en sommes à l’étape du mix. A coté de ça, je réalise un album qui sortira chez Delabbel avec un beatmaker différent sur chaque titre et des featuring dans tous les sens.
Et les scènes que tu as déjà faites ?
J’ai joué dans beaucoup de festivals ces dernières années. En première partie ou en co-plateau avec des artistes très installés dans le milieu. Par exemple Arsenik, Océan Wisdom, L’or du commun, Roméo Elvis, Hippocampe fou ou encore Lomepal…