Orey, dessinateur en free-lance a bien voulu se prêter au jeu de l’interview. Il est le premier à investir ce nouveau format spécial. Il nous présente son art tout en esquisses et nous explique ce que le dessin lui apporte. Encre de chine, pinceaux et dessin numérique sont des outils qui lui sont devenus très vite indispensables.
Tu as développé progressivement une passion pour le dessin. Comment ça s’exprime dans ton parcours de vie ?
Je me souviens d’une fête où j’ai offert à ma mère un dessin de Gotenks, un personnage de Dragon Ball Z. Je devais avoir une dizaine d’années sans doute. Je n’ai jamais dessiné particulièrement plus que les autres enfants même si j’ai toujours aimé les cours d’arts plastiques. C’est surtout au Lycée en Productique Mécanique que je me suis rendu compte que j’avais des capacités en dessin technique pour reproduire des pièces sous plusieurs plans. Je me suis donc réorienté afin de suivre des études qui me permettraient d’exercer un métier artistique dans le jeu vidéo. Je dois ce changement d’orientation à ma sœur qui m’a aidé à trouver les études adéquates et m’a acheté mes premiers pinceaux. La photographie est un autre art que j’apprécie particulièrement. Évoluant dans un environnement urbain, je me suis également consacré pendant un moment au graffiti.
Qu’est-ce que t’apporte le dessin dans ta vie quotidienne ?
Dès l’instant où je dessine, j’oublie tout et je suis concentré sur le présent. C’est la seule pratique avec le Karaté qui me permet de ressentir autant le moment. C’est une sorte de méditation active dans laquelle mon égo disparaît au profit de mon être afin de me permettre de laisser mon empreinte dans ce monde. Une fois terminé, mon dessin me procure un sentiment d’accomplissement, d’avoir accompli ma mission d’honorer cette sensibilité qui me permet de créer et de m’exprimer avec le reste du monde. Selon le sujet l’émotion de joie diffère, mais lorsqu’il s’agit d’un nouveau personnage imaginaire que je crée, cela peut être amusant. Dans la vie, dessiner m’apporte une paix intérieure et une vision du monde plus subtile. Mon intérêt pour l’art m’invite à rencontrer des gens et des mondes qui me sont souvent inconnus.
J’aime penser au Katana ou au fouet lorsqu’il s’agit du trait de mes dessins. Ces deux objets sont offensifs, symbole de détermination et de souplesse, tout en évoquant aussi une certaine maîtrise et finesse. Je n’aime pas ce qui est propre, lisse, je recherche à saisir une émotion, un instant que les autres ne voient pas. Le côté brouillon ou esquisse, je le laisse volontairement afin de témoigner de la vacuité des choses. Dans ma vie de tous les jours, je cultive une certaine solitude, le secret, ainsi qu’un besoin de me couper des influences extérieures. C’est pour moi un moyen de me centrer et d’appréhender la créativité.
Quels outils tu utilises pour dessiner ?
A l’heure du numérique je dessine toujours sur papier car l’informatique a ses limites. Même une très grande quantité de pixels ne seront toujours que des pixels. Une feuille ne me limite pas et me permet d’apprécier le silence et la nature. J’aime dessiner avec un stylo noir Faber Castell et Staedtler Pigment Liner, de l’aquarelle liquide, de l’encre de chine et des pinceaux. Depuis peu, j’utilise principalement de l’encre de Chine Deleter ainsi que des plumes G et Maru. Je ressens lorsque mon idée est cohérente et à partir de là je vais sur le PC pour concevoir le produit final. Pour le dessin numérique, j’utilise principalement des logiciels libres que j’ai découvert grâce à mon ancien employeur. J’apprécie utiliser Gimp, Inkscape, Blender3D. Du côté, des logiciels propriétaires et payants, il y a la suite Adobe qui fonctionne pas mal.
Peux-tu revenir sur ton activité de dessinateur en freelance ?
Je commence toujours par me renseigner sur les besoins du client qui m’a contacté, afin de bien le comprendre. J’écris des mots qui me viennent, je dessine des objets, des espaces. J’espère inspirer mes clients à m’accorder leur confiance par ma capacité à saisir l’âme de leur projet. Au détour d’une rencontre réelle ou virtuelle, les gens me sollicitent pour n’importe quel projet de graphisme (flyer, carte de visite, logo, vidéo, 3D, etc).
Sur quels projets tu travailles en ce moment ?
Je fais beaucoup de 3D en ce moment pour un projet du Metaverse. Je conçois des boutiques virtuelles. Actuellement, mon Webtoon NBB est mon projet de cœur. Mon espace de liberté que personne ne peut entraver.
Comment tu procèdes pour créer ce Webtoon ?
Pour mon Webtoon, j’ai une idée de l’histoire qui me suis depuis des années et de la trame générale que j’ai écrite. D’ailleurs à la base, je voulais faire un roman. Pour les épisodes de mon Webtoon, je fais un storyboard ultra rapide avec des personnages bâtons, des mots ainsi que des dialogues. Pour mes derniers dessins, j’ai décidé de me plonger encore plus dans l’instantané en dessinant directement à l’encre et la plume. J’aime ce côté extrême où l’erreur peut être fatale.
Quel est le dessin que tu apprécies le plus ?
Mon préféré est sans doute celui qui représente un poing ensanglanté. De par la violence qu’il exprime et l’évocation du Karate, une autre passion. De manière générale, je ne suis satisfait de mes dessins qu’à 70, voire 80%. Pour celui dont j’ai évoqué, il n’a rien d’extraordinaire mais il représente une expression pure qui me parle. Je suis très exigeant et jamais satisfait. Dessiner pour m’admirer n’a aucun sens. Si je transmet une émotion ça me va. Mais tant que je n’ai pas la sensation de m’être rendu utile au monde, je ne serai pas satisfait.